" CONFITEOR " de Jaume CABRE,
Editions : Actes Sud
Longtemps enseignant, Jaume Cabré est un auteur catalan de romans et de nouvelles mais aussi de pièces de théâtre et de scénarios pour le cinéma et la télévision.
Phénomène littéraire, très difficile à résumer, ce roman est le récit chaotique de l’itinéraire d’un violon et d’un enfant tiraillé entre les ambitions démesurées et divergentes de ses parents, découvrant peu à peu les secrets et la part sombre de l’environnement familial sans amour qui est le sien : c’est une confession.
C’est, pour moi le roman total : relié à l’histoire espagnole, de l’inquisition à la dictature, mais aussi à l’histoire dramatique du vingtième siècle européen, ce livre traite tous les grands sujets humanistes : le bien, le mal absolu, la religion, l’amour, l’amitié, la beauté, l’art...
Servi par par un style riche et fluide, la narration ne respecte aucune chronologie mais les aller retour dans le temps créent un véritable envoûtement et le lecteur est perpétuellement absorbé.
Probablement l’un des grands livres du ce siècle, il mérite tous les superlatifs trop souvent galvaudés, mais ici parfaitement justifiés : captivant, immense, magistral...
Pour le plaisir voici le début :
" Ce n’est qu’hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j’ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. Tout à coup, j’ai vu clairement que j’avais été seul, que je n’avais jamais pu compter sur mes parents ni sur un dieu à qui confier la recherche de solutions, même si, au fur et à mesure que je grandissais, j’avais pris l’habitude de faire assumer par des croyances imprécises et des lectures très variées le poids de ma pensée et la responsabilité de mes actes. Hier, mardi soir, en revenant de chez Damau, tout en recevant l’averse, je suis arrivé à la conclusion que cette charge m’incombe à moi seul. Et que mes succès et mes erreurs sont de ma responsabilité, de ma seule responsabilité. Il m’a fallu soixante ans pour voir ça."
Michel FERRAND
" L’art de la joie " de Goliarda SAPIENZA éd : Le tripode.
Née de parents militants, anarchistes et syndicalistes italiens à la vie tumultueuse, Goliarda SAPIENZA, avant de se consacrer à l’écriture – dix ans pour l’art de la joie – fréquentera les milieux intellectuels et progressistes de son pays. Elle jouera Pirandello, participera à un film de Fellini et rencontrera régulièrement Visconti, au cours d’une vie remplie d’amours intenses, de doutes, de replis et de ruptures psychologiques.
« L’art de la joie » d’abord refusé par les éditeurs italiens, est une oeuvre immense, étudiée dans les universités les plus prestigieuses et traduite dans plus de vingt langues. Elle nous narre à la première personne, la vie de Modesta, née le premier janvier 1900 dans une famille miséreuse de la campagne sicilienne. Grâce à sa personnalité hors du commun, elle renversera tous les déterminismes, tous les tabous, toutes les violences de son monde, osera toutes les transgressions, pour s’épanouir et faire triompher pour elle et son entourage le bonheur d’exister et la joie d’être libre.
D’une extraordinaire puissance, écrit dans une langue envoûtante, ce livre
glorieusement féministe et humaniste subjugue le lecteur jusqu’à la dernière ligne.